2.1 Les maladies infectieuses
Données :
La communauté féline du monde entier est, comme c’est le cas pour les humains, confrontée à plusieurs agents infectieux. Sans élaborer sur chacun puisque ce n’est pas le but de ce guide, il faut savoir qu’il y a plusieurs types et pour chacun, plusieurs méthodes de dépistage et de prévention possibles. Les trois grands types sont les maladies virales, bactériennes et parasitaires.
Les maladies virales : Parce que les enjeux sont différents, ainsi que les risques associés, classons-les en deux catégories. Catégorie 1 pour les maladies à risque élevé pour la vie et faciles à détecter, et catégorie 2, pour les atteintes un peu moins graves en conséquences et plus difficiles de détection.
Catégorie 1 : Il s’agit des maladies, bien connues et souvent mortelles, qui infectent les chats par le sang. Les trois plus fréquentes sont la rage, le virus de la leucémie féline (FIV) et le virus de l’immunodéficience féline (FeLV). Toutes trois mortelles et hautement contagieuses, ces maladies ne sont pas toujours détectées tout de suite après l’infection car les symptômes se mettent en place lentement, à mesure que le système immunitaire est atteint, sauf pour la rage qui est plus rapide. Rappelons d’ailleurs que la rage est transmissible à tous les mammifères, dont les humains, contrairement aux deux autres qui ne peuvent se développer que chez le chat. Il existe une méthode de dépistage simple et peu coûteuse pour le FIV et FeLV. Pour la rage, le vaccin demeure la meilleure protection pour les chats à risque d’avoir des contacts avec des animaux infectés.
Catégorie 2 : Les maladies virales de cette catégorie qui affectent nos félins, se manifestent la plupart du temps par un rhume, une fièvre, des courbatures, un abattement, une conjonctivite, des ulcères, de la diarrhée, des vomissements, de l’anorexie, etc. Certains d’entre eux sont faciles à identifier, d’autres pas. Le danger en chatterie survient lorsque les virus sont multiples, ou accompagnés d’autres agents infectieux tels que bactéries ou parasites. À ce moment le cocktail infectieux peut mettre la vie du chat atteint en danger, surtout si celui-ci est en bas âge. Les méthodes de détection peuvent varier du simple examen médical, qui mettra en évidence des signes caractéristiques d’une infection virale en particulier, la prise de sang qui pourra en apprendre davantage sur la nature de l’agent infectieux en regardant le type d’anticorps présents, et l’analyse PCR (digestive ou respiratoire) qui décèlera la présence du virus dans le tractus respiratoire ou dans le tube digestif. L’analyse par PCR demeure la méthode la plus fiable présentement, compte tenu de son taux de détection qui avoisine les 80%, mais demeure moins efficace lorsque le chat ne présente pas de symptôme (dépistage préventif), auquel cas, un chat porteur asymptomatique peut très bien passer une analyse qui se révèlera négative.
Qu’est-ce que l’analyse par PCR ? Les virus, bactéries ou parasites qui infectent les cellules de nos mammifères sont détectables, mais sont parfois infiniments petits. Les gènes sont si minuscules qu’on ne peut même pas les détecter au microscope. Pour pouvoir les étudier, on doit les extraire de la cellule et les multiplier. Pour cela, on copie l’ADN jusqu’à ce qu’il devienne visible du fait de la quantité obtenue. Ceci se fait au moyen d’une enzyme, la polymérase, qui est capable de copier les séquences de gènes à un rythme élevé. Cette technique est l’amplification en chaîne par polymérase (ACP). En anglais, polymerase chain reaction (PCR).
Les maladies bactériennes :
Les maladies bactériennes sont souvent la cause de complications d’une infection virale déjà existante. On parle alors d’infection secondaire, ou de surinfection. Quelques types de bactéries sont des agents infectieux primaires et pourront, à elles seules, déclencher une infection. Plusieurs bactéries rencontrées en élevage sont détectables par analyses PCR, tandis que d’autres sont plus difficiles car elles ne sont détectables qu’un certain nombre de jours suivant l’infection. Ainsi, un chat porteur de chlamydophila felis par exemple, pourra obtenir des analyses par PCR négatives à cette bactérie, même si le chat continue de l’excréter et de contaminer son entourage. De plus, l’analyse des résultats doit être faite prudemment, puisque certaines bactéries peuvent se retrouver normalement dans les tissus non infectés, et il importe d’évaluer l’état général du chat avant de porter tout jugement ou de choisir tout traitement. Un exemple bien connu de portage sain est le streptocoque chez les humains. Certains le portent dans la gorge, d’autres dans le vagin, et il n’y a pas lieu de traiter puisque la bactérie vit en symbiose avec le corps et, à moins d’un accouchement imminent, ne posera pas de problème. De plus, malgré le traitement, la bactérie reviendra s’installer une fois le traitement terminé. L’identification de ces bactéries est donc pertinente, et doit être évaluée dans son ensemble (contexte de la chatterie et risques occasionnés). L’analyse par PCR devient donc un outil indispensable dans l’élaboration d’un plan protocolaire d’un élevage, mais ne sera probablement pas utilisé de façon systématique, à l’aveugle. Autrement dit, plus l’éleveur sait ce qu’il cherche, plus l’analyse lui sera profitable.
Les maladies parasitaires :
Cette catégorie contient aussi un large éventail de spécimens susceptibles de coloniser le tube digestif de nos animaux, leur peau ou poils, etc. De plus, la plupart de ces parasites ne se limiteront pas à nos félins. Malheureusement, le chien pourra contaminer un chaton même s’il est lui-même en bonne santé. En effet, plusieurs types de parasites, vivant dans un hôte en bonne santé, pourront passer inaperçu et n'occasionne aucun symptôme chez l’individu.
Pour ces types d’infections, les analyses par PCR peuvent détecter certains de ces indésirables, mais aussi la lumière de Wood, la culture, etc. Le vétérinaire demeure la meilleure ressource pour l’éleveur, compte tenu de la variété d’organismes colonisateurs et des diverses techniques de dépistage. Les éleveurs peuvent aussi compter sur des produits de base, à large spectre, tels que vermifuges, shampooings, etc. pour prévenir ces infections.
Mise en contexte :
La gestion des maladies infectieuses en élevage demande une bonne préparation de la part de l’éleveur. Cette préparation inclut l’élaboration d’un programme préventif adapté aux conditions de la chatterie ainsi qu’un plan B, advenant l’échec ou la survenue de nouvelles informations. Il va de soi que le protocole d’un éleveur possédant quinze chats sera différent de celui de l’éleveur qui n’en possède que trois. Le vétérinaire est notre partenaire et notre meilleure ressource lorsque nous nous retrouvons face à la maladie. Un lien étroit avec celui-ci ainsi qu’une discussion du protocole adopté pour l’élevage assurera la réussite du plan d’élevage.
Il va de soi que le protocole parfait n’existe pas, et qu’il change d’une situation à l’autre. L’important est de se poser des questions, d’envisager les possibilités, peser les pours et les contres et déterminer la méthode qui convient. Aussi, l’éleveur peut adapter son protocole selon les risques auxquels sa chatterie est confrontée. La clé, c’est d’être suffisamment informé pour être capable de prendre de telles décisions. En ce sens, plusieurs formations sont disponibles, publications scientifiques sur les sujets, livres, articles vétérinaires. Les nouvelles informations arrivent de tous les sens, les méthodes évoluent… C’est pourquoi les pratiques recommandées ici doivent nécessairement évoluer en même temps.
Pratiques Obligatoires :
- Effectuer les tests de dépistage pour les maladies virales FIV et FeLV pour tous les chats entrant dans la chatterie. L'éleveur doit prouver que les chats de sa chatterie sont tous exempts de ces deux maladies. Tous les nouveaux chats et ceux qui entrent en contact avec les chats de la chatterie par le biais de pension ou reproduction, saillie extérieure, etc. doivent être eux aussi en être exempts.
- Effectuer des analyses pour déceler les agents infectieux en cause lors d’infections, lorsque l’agent infectieux n’est pas déjà connu.
- Vaccins et vermifuges à jour, selon les protocoles recommandés par son vétérinaire .
Ressources disponibles :
1. Formation du ChatsCanadaCats : Maladies infectieuses et parasites.
http://www.chatscanadacats.ca/eleveurs/formation.cfm
2. Formations diverses offertes par Anima-Québec.
https://www.animaquebec.com/
3. Contactez le CRCC pour d’autres formations dispensés par des particuliers.
2.2 La transmission génétique de certaines maladies et traits
Données :
Le génome de tous les êtres vivants, dont les mammifères, incluant les chats et les humains, est souvent sujet à des mutations génétiques. Ces mutations sont l’effet d’une erreur de copie causée par l’action d’un virus à ARN, un rayonnement ultraviolet, un produit chimique, etc. Ces erreurs de copie sont à la base même de l’évolution; à la base même de la race du Rex de Cornouailles. Lorsqu’une mutation génétique est souhaitable, voire recherchée, l’éleveur tentera de l’intégrer à sa lignée. Il peut s’agir par exemple, d’une couleur (noir, brun, orange.), d’un patron (tabby, burmese, pointé, etc), ou encore la forme des oreilles ou du nez. Tout ceci apporte plein de défis aux éleveurs qui ont tout à gagner à apprendre les principes de base en génétique.
Malheureusement, il existe aussi des mutations indésirables, pouvant passer inaperçues sur plusieurs générations, et causer des maladies graves, laissant le propriétaire tout à fait perplexe et impuissant. Pour l’éleveur, il est impossible d’affirmer hors de tout doute que ses reproducteurs sont exempts de maladies génétiques. Il ne peut donc pas porter toute la responsabilité de ce que mère nature a réservé. Par contre, en étant informé, il est de son devoir d’utiliser les ressources disponibles ainsi que son bon jugement pour limiter les risques de reproduire ces tares génétiques.
De plus en plus, les professionnels de la santé animale proposent des tests de dépistage faisant intervenir des méthodes directes et indirectes.
Il existe un problème grave lié à un mariage de chats de deux types sanguins incompatibles, nommé érythrolyse néonatale. Voir le document ‘les groupes sanguins chez le rex de Cornouailles’ pour en connaître davantage, et voir le tableau d'incompatibilités.
Méthodes directes :
Le test par ADN est sans aucun doute le plus facile à effectuer pour l’éleveur. À partir d’un simple échantillon de cellules buccales, il est possible de déterminer si le chat porte une maladie en particulier, pour autant que ce test ait été développé. Rapide, peu coûteux et efficace, c’est une valeur sûre pour les éleveurs. Présentement les tests recommandés pour le Rex de Cornouailles sont pour la maladie de la polykystose rénale (PKD) ainsi que pour l’atrophie rétinienne progressive (PRA-CEP290). De nouveaux tests sont élaborés régulièrement et bientôt un large éventail sera disponible et accessible aux éleveurs.
Méthodes indirectes :
CODE DE PRATIQUES
Toute maladie peut trouver son origine dans la génétique… ou non. Le mode de vie, l’alimentation et les soins auxquels l’animal a accès peuvent grandement contribuer au développement de maladies graves, tels le diabète, contribuant lui-même au développement d’un cancer, d’une insuffisance rénale ou d’une cardiomyopathie, pour ne citer que ceux-ci. La part attribuable à la génétique est plus ou moins floue, plus ou moins reproductible, et plus ou moins comprise. Le facteur génétique doit absolument être pris en compte lorsqu’une maladie est déclarée, et ce, pour tous les types de maladies (cœur, peau, intestins etc.)
L’éleveur a à sa disposition plusieurs méthodes pour l’aider dans ses démarches, telles que les analyses sanguines, les échographies, les électrocardiogrammes, les analyses d’urine… Tous ces tests doivent être utilisés judicieusement, selon les indices du moment, les suspicions de l’éleveur et de son vétérinaire.
Mise en contexte :
Selon les événements vécus à l’élevage, les risques associés et les indices présents (antécédents de maladie, rapportage de clients sur les symptômes ou diagnostiques de maladies sur leurs chatons devenus adultes), l’éleveur a tout intérêt à rester vigilant et ouvert à toute possibilité de maladie génétique dans ses lignées. Si une maladie est soupçonnée, l’éleveur aura plusieurs choix : stériliser le reproducteur suspect, effectuer des examens appropriés sur ce reproducteur, rester à l’affût… Rappelons simplement que prudence est mère de sûreté. Un reproducteur suspect stérilisé annule déjà la moitié des risques. Reste à évaluer le portage potentiel des reproducteurs issus de la même lignée et de ne pas oublier les gènes récessifs, qui peuvent être présents à notre insu et en absence de tout symptôme.
Pratiques obligatoires :
- Éliminer du programme d’élevage tout chat diagnostiqué d’une maladie quelconque pouvant affecter la durée ou sa qualité de vie, et/ou celle de ses descendants, dont le lien génétique ne peut être exclu (reins, yeux, peau, cœur, etc.)
- Dépistage par ADN pour le PRA, PKD de tous les reproducteurs.
- Test sanguin (si approprié) ou par ADN pour déterminer le type sanguin de tous les reproducteurs.
Ressources disponibles :
1. Formation ChatsCanadaCats : Génétique base 1 http://www.chatscanadacats.ca/eleveurs/formation.cfm
2. https://www.vgl.ucdavis.edu/
3. www.labgenvet.ca