La cardiomyopathie hypertrophique (CHM) est la maladie cardiaque la plus commune chez le chat. Elle est trouvée de façon plus prédominante chez les chats de race que chez les chats domestiques, et malheureusement cela inclut le Rex de Cornouailles. Cette cardiopathie est typiquement diagnostiquée chez les chats d’âge adulte. On suspecte qu’il y ait une composante génétique à cette maladie que l’on retrouverait chez plusieurs races. Par conséquent, il est donc important pour les éleveurs de s’assurer que cette maladie ne soit pas présente chez les chats utilisés pour la reproduction [1].
Cette cardiopathie est caractérisée par un épaississement anormal (hypertrophie) d’une ou de plusieurs régions des parois cardiaques surtout du ventricule gauche. [2] Elle peut mener à des conséquences importantes telles que l’insuffisance cardiaque et la formation de thrombus. [1]. Lorsqu’une insuffisance cardiaque congestive (ICG) survient avec accumulation de liquide dans (œdème pulmonaire) ou autour des poumons (épanchement pleural), une augmentation de la fréquence respiratoire ainsi que des difficultés respiratoires (respiration discordante) seront observées. D’autres symptômes non spécifiques tels que des vomissements ou une perte d’appétit peuvent être aussi parfois présents. [2] Toutefois certains chats sont asymptomatiques. La maladie peut être découverte à cause d’anomalies de l’auscultation (souffle cardiaque, auscultation d’un 3ème son cardiaque, arythmies), ou dans le contexte de dépistage de CMH chez un chat de race à risque. [2]
Pour le traitement, chez les chats asymptomatiques, il n’existe aucune preuve qu’un traitement détienne la capacité de modifier la progression naturelle de la maladie. Cependant, beaucoup de cardiologues prescrivent des bêtabloquants lorsqu’une obstruction dynamique de la chambre de chasse du ventricule gauche significative est présente, sur les prémices qu’une diminution de l’obstruction ne peut avoir qu’un effet bénéfique sur la santé à long terme du ventricule. [2] Chez les chats à risque de développer une TEA (atrium gauche dilaté avec « fumée atriale »), la prescription d’anticoagulants tels le Clopidogrel (Plavix) en association ou non avec de l’aspirine peut réduire ce risque (mais non l’abolir). Chez les chats en ICG, des médicaments tels que les diurétiques (Furosémide) et les IECA (Enalapril, Benazepril) sont requis. D’autres médicaments stimulant la contractilité tels que le Pimobendane peuvent être considérés selon le cas. [2]
Maintenant que nous comprenons un peu mieux la pathologie, qu’est-ce que l’éleveur peut faire pour garder ses lignées en bonne santé cardiaque?
Bien que cette pathologie cardiaque ne puisse pas être dépistée par des tests génétiques car ceux-ci ne sont pas encore disponibles pour notre race, l’éleveur peut tout de même faire quelque chose en suivant ces directives :
· Un suivi annuel pour le dépistage des souffles cardiaques est recommandé.
· Une échographie cardiaque préventive pour le CMH est aussi recommandée une fois par année, à partir de l’âge de 10 mois, pour chaque reproducteur afin de valider que la pathologie ne soit pas présente.
· Un dépistage sanguin Test Cardiopet Pro-BNP quantitatif pour évaluer la fonction cardiaque est recommandé si l’échographie cardiaque n’est pas possible. Notez que le Pro-BNP ne remplace pas l’échographie puisque c’est un dépistage sanguin seulement. Si l’échographie cardiaque est possible, ce test doit être considéré en priorité.
· Un suivi généalogique rigoureux des lignées pour exclure les reproducteurs atteints ou leur descendance.
Il est utopique de croire que l’on pourra exclure cette pathologie de façon définitive dans notre race puisque c’est une maladie évolutive. Un reproducteur déclaré exempt par l’échographie une année pourrait être déclaré positif l’année suivante. C’est pour cette raison que les dépistages annuels sont fortement recommandés. C’est pour cette raison qu’un reproducteur testé positif doit être exclu de la reproduction immédiatement et que ses descendants qui ont été gardés pour la reproduction doivent bénéficier à leur tour d’un suivi rigoureux d’année en année. Plus on retire rapidement un reproducteur atteint de la maladie, moins il aura de chance de produire des chatons qui développeront la maladie à leur tour.
Il est important aussi pour le propriétaire d’un Rex de Cornouailles de faire examiner son chat annuellement pour que le vétérinaire puisse l’ausculter. Un chat qui n’a pas de souffle une année peut en développer un, l’année suivante. Par contre, un souffle n’est pas la garantie d’une maladie. Tout comme une absence de souffle n’est pas une garantie d’absence de maladie. Le grade du souffle 1 à 6 (sur 6) n’est pas indicatif de la sévérité d’une maladie cardiaque non plus. La meilleure façon d’évaluer si son chat a une maladie cardiaque est une échographie cardiaque ou la prise de sang proBNP tout en suivant les recommandations de son vétérinaire.
Pascale Therrien, Enseignante en chimie
Josée Charlebois, Technicienne en santé animale
Stéphanie Beauchesne, Technicienne en santé animale
Isabelle Langlois, Technicienne en santé animale
Karine Levasseur, Technicienne en santé animale
Sources :
[2] DE MADRON, Eric. « Les cardiomyopathies hypertrophiques chez les chats » date inconnue, Centre DMVET.com, https://centredmvet.com/wp-content/uploads/2013/09/Les-cardiomyopathies-hypertrophiques-chez-le-chat.pdf ( page consultée le 18 juillet 2022)
[1] [Anonyme] « La cardiomyopathie hypertrophique chez le chat » date inconnue, evetmobile https://evetmobile.com/pdf/cardiomyopathie-hypertrophique-chat.pdf